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Rahul

15 mars 2017

Rahul ou Les échos antérieurs

La peau zébrée d'éclairs, les veines gonflées de colère. L'enfant marche, sur une pente du Pendjab. Il marche, ventre creux, torse arrogant. La foudre, à 20 m. Un sursaut d'enfant, suivi d'un maintien d'homme. Il a treize ans. Le monde n'est encore pour lui que masures, montagnes, plaines et prairies. Le peuple, des paysans, éleveurs, pasteurs. Quelques marchands au alentours du palais. Cela fait quelques dizaines de kilomètres tout au plus. Bientôt ce sera le ($$), L'inde ensuite. Plus tard, le monde.

Le tonnerre à nouveau. Un regard noir tendu . Il ne défie encore que le ciel. La terre est dure, l'air sec, le vent faible. Un (lapin) surgit de la forêt à quelques mètres de lui, puis s'abat, un couteau dans la gorge. Rahul, déjà, sait manier cette arme (simple) Que sait-il ? Ce que lui enseignent les savoirs et les traditions de sa vallée, un mélange de shamanisme himalayen et de bouddhisme. Dans la vallée gît un temple, dont la maître, Raj Braghaveti, est premier conseiller du Prince, second personnage de la vallée. Il représente la religion dans sa force, dans son versant politique. L'arrogance de sa position se manifeste dans ses vêtements, son pouvoir dans sa haute stature et son maintien. A l'opposé, il y a Arjun Habari, un prêtre . Tandis que le Maître du temple nous rappelerait un peu la figure de l'évêque, il tiendrait lui du curé de campagne, avec les attributs du shaman.Il est homme de paix et de médecine. Sur le peron du palais, une forte masure de pierre, en haut des marches se tient Kishan Brakhti le chef des gardes. Il a le regard tourné vers les plaines. Où est Rahul ? Il marche, droit devant lui, il le sait. Il a la détermination et la volonté de son père. L'énergie que ce dernier use à reconquérir et unifier son royaume, son fils l'emploie à s'éloigner. Le regard du chef des gardes n'pas varié. Il reviendra, il en est sûr. A cet instant, le roi tient conseil auprès des siens. Son fils aîné, son gendre, son fils cadet. La violence du premier, la faiblesse du plus jeune, et l'intelligence médiocre et sournoise du gendre, voilà les armes, les caractères dont dispose Ramesh Darvid pour inscrire son oeuvre dans l'éternité. Le cadet, parti, est déjà oublié.

 

Grayson Shawley est australien. Lui aussi marche sur les pentes du ($$). Grand, mince, souple, un léger collier soutenant le visage, il pense à la Péruvienne, Anna, rencontrée deux jours plus tôt, séduite, aimée, puis quittée. Sans doute est-elle repartie ver...

 

L'enfant s'est fait voleur. Il n'ya pas loin de la fierté au vol. Des poules, un couteau, quelque monnaie. Trop vif pour être pris, trop prudent pour être piégé, trop violent pour être vaincu. Ce que son père use pour régner, il s'en sert pour être libre.Il était fils de roi, le voilà voyou. Après tout, son père nourrit son statut de souverain des taxes prélevées sur les trafics rares, mais juteux qui traversent cette vallée, entre Chine et Inde. Un prince doublé d'un chef de bande. Un marcheur doublé d'un voyou. On croirait une même figure sous deux êtres. Le plus jeune, écho de l'aîné. . Leurs destins sont irrémédiablement frère, quant leurs destinées les séparent. L'écho s'évanouit à mesure que l'enfant des montagnes se fait enfant des plaines.

 

Bar Kumble, Bengaluru, 16 mars 1955. Le patron, Anil, se tient sur le pas de la porte, il parcourt du regard les tables de la rue, observant les veeres vides, les discussions, les disputes, attentifs aux voleurs, aux tricheurs. Il regardes les passantes, dans leurs robes.... Son regard les suit jusqu' à découvrir la présence à al table la plus éloignée d'un jeune homme mieux vêtu que sa clientèle habituelle.Ce qui l'intrigue, c'ets ce qu'il tient en main : un livre. Pas un journal, non un livre. Un genre d'objets plutôt rare dans ce quartier populaire. Comme pressantant son regard, le jeune homme, d'environ dix-sept ans, lève vers lui, avec un léger sourire. Anil a fini son inspection. Il rentre vers le bar. Anil parle peu. Sa stature en impose, son attitude paternelle accueille ses clients, son autorité rassemble et apaise.

 

Newcastle, 19 mars 1955. Dean Wallick est libéré. Il a 26 ans. Fils d'ouvrier, sa vie n'a jusqu'ici été faite que de vols, de bagarres, d'amours brefs et d'amitié. Son bref séjour en cellule a suffi à le libérer de cette contrainte de la vi en marge. La prison comme clé de sortie. Il est entré rebelle, il sort déterminé.

 

Dearborn, Michigan, 20 mars. Harvey Herring a 20 ans. Après avoir fêté dignement son anniversaire avec quelques amis d'une école de journalisme, il le fête chez lui Au début tout s'est bien passé. Maintenant, Jack son père est ivre. Que ressent le fils à l'égard du père ? Du mépris ? Non ; De la colère ? Pas plus. De la pitié ? A peine. Une certaine indifférence mêlée d'un zeste de respect, d'un doigt d'amour filial. A jeun son père a la banalité de son emploi, fonctionnaire de la municipalité. Au début de l'ivresse, il a lélégance et et la galanterie de ses lectures. Ivre, la brutalité et la maladresse. Il battrait bien sa femme et rouerait son fils de coups s'il était à ces instant capable de viser juste. Son poing lancé vers les visages ne rencontre que vide, murs et verres. Harvey depuis plus dix ans déjà a appris à goûter le parfum de l'alcool. L'exmple de son père le guide vers Hemingway dont il se fera un temps le disciple médiocre, avant de trouver sa voie et devenir écrivain. D'Hémingway, il gadera surtout le goût du scotch, des voyages, des bagarres et des femmes.

 

Quant à moi, je bavarde avec le Docteur Alain Duqesnoy, à l'hôpital de Bulape, Congo belge. Nous sommes assis le long du mur de l'hôpital pendant que Trevor fait une sieste. Il marque encore les suites de la maladie qui nous a frappé tous les trois et contraint Thierry à rester à Port Francqui.

 

Rahul s'est installé sur un rocher jouxtant la petite grotte où il a passé la nuit. Voilà deux semaines qu'il a quitté la vallée. Et elle n'est déjà plus rien pour lui. Comme son père, Rahul a l'oubli facile. Seul lui reste un peu la violence de son aîné. Il a oublié Gayatri et sa peau de bronze, son dépucelage dans la petite maison du prêtre Habari. C'était au début de sa fugue.

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